Par Joëlle Gayot - Télérama Sortir - sept 22
“ Lorsqu’on allège … il reste l’essentiel : la vie, l’amour, le sacrifice, l’amitié ."
Que diriez-vous à Bérénice si vous la croisiez ?
Je la prendrais dans mes bras et je l’embrasserais. Elle est capable de dire à Titus, son amour : je m’en vais, arrêtez cette violence dont je ne voulais pas. Elle ne se tue pas, elle renonce. Ce don de soi touche au sublime.
Vous aviez joué cette tragédie en 2008, sous la direction de Lambert Wilson. Pourquoi y revenir ?
Parce qu’on revient à Racine comme le pianiste à Bach. On ne se lasse pas de l’alexandrin et de cette écriture épurée dont la musicalité crée l’émotion.
Quelles différences entre les deux mises en scène ?
Muriel Mayette-Holtz a coupé dans les répliques de Paulin. Ce personnage adresse à Louis XIV un discours politique qui, aujourd’hui, ne parle plus à personne. Lorsqu’on allège cette partie, il reste l’essentiel : la vie, l’amour, le sacrifice, l’amitié.
Cette stimulation des sens sur scène est-elle jouissive au point de devenir addictive ?
C’est une addiction pour ceux qui ne peuvent se passer de théâtre. Ce n’est pas mon cas. Plus jeune, je pensais qu’avant de jouer le soir on pouvait faire plein de choses la journée. Erreur ! J’en connais qui tournent au cinéma l’après-midi et sont sur les planches le soir. Pierre Arditi, pour ne citer que lui, n’imagine pas procéder autrement.
Comment cohabitent l’actrice et la vigneronne ?
Je l’ignore. J’ai tout voulu de ce qui compose aujourd’hui ma vie, mais je ne comprends pas comment j’ai pu la faire telle qu’elle est. Mon âge non plus (65 ans, ndlr), je ne le comprends pas. Quant à l’Italie, si je ne m’explique pas comment j’ai pu y acheter une terre, je sais que je viens de sa culture. Ce pays me rassure, j’y retrouve des bouts d’une identité qui m’est assez floue.
Spectacle dans la saison 23-24 : BÉRÉNICE